Prison pour le chauffard qui a brisé la vie d’Alice

3 Juin 2025

Lancé à toute vitesse dans un rodéo urbain, le chauffard de 26 ans avait fauché la vie d’Alice Richard, le 31 mars 2024, à Brest. Le tribunal l’a condamné pour homicide involontaire, hier, à dix ans de prison.

« Une affaire extrêmement pénible, des faits gravissimes, une épreuve épouvantable », résume le président, Christophe Stubbe, qui va épargner aux proches la lecture des passages les plus éprouvants de l’autopsie. Hier, le tribunal de Brest (Finistère) jugeait le chauffard de 26 ans qui a brisé la vie d’Alice Richard, 24 ans.

Dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 mars 2024, vers 1 h 40 du matin, il se lançait dans un rodéo urbain. Une course sauvage, à toute vitesse, au moins 110 km/h, sur le port de Brest. Et deux jeunes piétons étaient fauchés sur un passage protégé, alors qu’ils rentraient à pied de soirée. « Trois pas de plus et elle était sauvée » .

Alice Richard succombait à ses blessures quelques heures plus tard, à l’hôpital. Son ami, âgé de 25 ans, souffre aujourd’hui d’un important stress post-traumatique : « Ma vision du monde a changé », témoigne le jeune homme. « Je sursaute à un bruit dans l’air, un choc fulgurant et extrêmement violent. » Les proches d’Alice en ressentent beaucoup de culpabilité : « J’ai commencé à traverser. Un pas de plus et elle était sauvée. »

Il n’y avait aucune trace de freinage sur la chaussée. Le conducteur n’a pas fui la fuite. Sans porter assistance aux piétons en péril. Cet électricien de profession, arrivé de Martinique à Brest, cumule les dépressions, les addictions, et a été diagnostiqué schizophrène en 2021. Il se dit hanté par ses actes, mais il assume ses responsabilités : « Je suis responsable de la mort d’Alice. »

« J’ai niqué ma vie », lance-t-il aujourd’hui. Un message qu’il a écrit après le drame, ainsi que d’autres notes où il s’affiche prostitué sous emprise de l’alcool, dans un scénario extrêmement noir.

Mme Elma KrasniK, l’avocate de la famille des parents d’Alice, souligne : « Un être lâche qui pleure sur lui-même, un criminel de la route » appuie la procureure, Véronique Wester-Ouisse, qui lui lance : « Vous vivez dans un monde parallèle »

Alice a sauvé trois vies en donnant ses organes.

« Tu es morte, fracassée dans la rue, dans une flaque de sang », déclare, avec une grande dignité, la maman d’Alice, en évoquant le don d’organes de sa fille. Pas égoïste, elle savait qu’elle deviendrait donneuse, et elle l’a été. Trois personnes ont ainsi été sauvées. « On n’a pas donné ses organes, on les a prêtés à ceux et celles qui avaient trop souffert ». Alice a sauvé trois vies.

Engagée dans plusieurs causes, dans les combats sociétaux de son temps, « Alice pensait entamer une grève de la vie sociale », se souvient son amie d’enfance. « Une personnalité rayonnante », un exemple de bienveillance.

Pour cet homicide involontaire aggravé, le conducteur, Marc-André Marante, est condamné à dix ans de prison. Son permis annulé, il lui est interdit de conduire un véhicule pendant cinq ans. Pour sa passagère de 25 ans, également jugée pour refus d’obtempérer. Elle sera sous bracelet électronique. Un ami, Sullyvan T., 23 ans, a encouragé le rodéo en voiture, en filmant les scènes, dont un direct sur Instagram. Il est aussi incarcéré.

Frédérique GUIZIOU

Source

Avocat pénal Elma KRAISNIK à Brest